Rallumer les lucioles ou comment retrouver la magie dans son Moi...

Ce seul en scène nous surprend par son sujet et son personnage Lily, à la recherche d'elle-même et de son identité perdue, prise en étau entre une mère anormale et un père dépressif voire suicidaire par ses conduites destructrices. La petite Lily s'imprègne en grandissant des comportements dit normaux que lui renvoie la société depuis l'enfance et de l'univers parental anormal qui l'entoure. Mais qu'est ce que la normalité ? La pièce tourne autour de cette quête impossible de Lily de sa normalité alors qu'elle veut aussi s'échapper du tourbillon du monde dit normal pour un univers magique. C'est ce que raconte ce drame aux touches humoristiques Rallumer les lucioles Le metteur en scène Bruno Banon affectionne ces univers poético -dramatiques : citons à cet effet sa création La force des coquelicots de Lydia Cherton -Grand prix du Théâtre lors d'un concours d'écriture en 2021-. La richesse de la voix intérieure du personnage qui nous confie ses errances et ses passions, celle de sa magie sont un élément fort de l'écriture dramatique que Bruno Banon explore sous diverses facettes, celle des alter qui habitent Lily

Si le livret est prometteur, la comédienne Sandra Fabbri semble scéniquement ne pas assez exploiter son corps et le potentiel de sa voix. En effet, on aurait aimé sentir plus de nuances dans le gestus illustrant ces passages de zones lumineuses qui illuminent son petit personnage à celles plus sombres qui l'animent au détour d'une pensée, d'un mouvement, d'un acte créatif imperceptible mais intense. Nous ne sentons pas assez pour notre part ce jour là, cette intensité et cette subtilité corporelle ou vocale.

La personnalité complexe de Lily appelle selon nous, à une exploitation plus subtile des tableaux choisis de sa vie intime et tourmentée tels qu'illustrés sur le plateau. Cela permet, outre le sentiment d'empathie et d'identification, une plongée plus fine et symbolique dans l'anima de Lily. La sobriété voulue du décor et la scénographie visuelle et sonore servent ce dépouillement et cette exploration psychologique. Cependant, les accessoires -tableau blanc de peinture, palette de couleurs, pinceau, rollers ou guitare- nous apparaissent ainsi sous-exploités dramatiquement au regard de la relation semblant fusionnelle qui existe entre les objets et le sujet .

Lily est en effet plongée dans un jeu de miroir éclaté en milles morceaux de vie, jonchés de joies et de peines vécues. Les objets et les rêves qui parsèment son quotidien la ramènent à sa quête idéale : celle de son Moi et de la magie du monde, si elle existe encore dans l'esprit de Lily...

Ce seul en scène représenté à la Comédie des 3 Bornes ce lundi 10 juin à 19h30 et vendredi 14 juin à 21h. Ce spectacle sera aussi à l'affiche à l'Optimist Théâtre du samedi 29 juin au dimanche 31 juillet à 13h40, lors du Festival d'Avignon Off 2024.

Safia Bouadan

Distribution

Sandra Fabbri : livret et interprétation de Lily

Bruno Banon ; mise en scène

Photographies : DR Les mille portes

Lieu -PARIS-:

 La Comédie des 3 Bornes (32, rue des Trois Bornes - 75011 Paris / métro : Parmentier)

Lieu -AVIGNON- :

L’Optimist Théâtre (50, rue Guillaume Puy - 84000 Avignon

Réservations et informations : 

Tél : 04 65 87 92 15 et sur theatreoptimist.wixsite.com