Portrait de ...Mickaël WINUM
- L'Onde Bleue
- 30 juin 2024
- 5 min de lecture
Photographie de Lisa Lesourd

1/Bonjour Mickaël. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mickaël Winum, comédien formé au Conservatoire de Strasbourg dans la promotion 2012.
Très actif au théâtre ces dernières années, j’ai pu jouer Oreste, Dorian Gray, Néron, Rimbaud, Héliogabale… Des personnages forts et exigeants qui me fascinent.
2/Comment es- tu arrivé sur les planches ?
Par une belle rencontre. J’étais un enfant un peu agité, il me fallait une discipline qui me permettait d’utiliser cette agitation tout en me
canalisant. La mère d’une amie m’a conseillé de faire du théâtre, je me suis présenté dans la troupe du metteur en scène franco tchèque Jaromir Knittel, ancien professeur du Conservatoire de Paris qui m’a encouragé à faire ce métier. Je l’ai écouté et j’ai saisi sa main tendue. Un moment magique!
3/As tu eu un ou plusieurs modèles ?
Je suis admiratif de beaucoup d’artistes de référence qui me motivent à persévérer et m’améliorer mais je ne les prends pas pour modèles, ce serait risquer de tomber dans une forme de comparaison, ce qui n’est pas vraiment bon pour un comédien je pense.
4/Le public et la presse t’ont connu dès 2018 grâce à cette magnifique adaptation du roman d’Oscar Wilde Le Portrait de Dorian Gray mise en scène par Thomas le Douarec et jouée dans nombre de théâtres dont au Théâtre du Ranelagh, au La Bruyère et à Avignon.
Comment l’aventure a t-elle commencé pour toi et comment se sont déroulées les répétitions, la construction de ton personnage, tes liens avec la troupe composée de Fabrice Scott, Maxime de Toledo, Caroline Devismes, Marylou Salvatori, Thomas le Douarec ?
Dorian Gray, quelle aventure!! Un vrai bonheur. Je remercie Thomas Le Douarec de m’avoir confié ce rôle magique dont je rêvais. L’équipe est merveilleuse, c’est un peu comme une famille. Ça va faire sept ans que nous travaillons ensemble, nous sommes d’ailleurs reconduits au Ranelagh pour la saison prochaine, je m’en réjouis. J’avais d’abord passé l’audition en anglais puis j’ai pu reprendre le rôle en français. C’est un personnage aux multiples facettes qui demande une évolution dramaturgique et beaucoup de contrastes de jeu. Nous avons vraiment travaillé sur ces aspects et j’ai énormément grandi à travers ce rôle.
5/Parle -nous maintenant de ton travail avec Brigitte ARNAUDET pour incarner Rimbaud dans la pièce Tête à tête avec Rimbaud et que vous allez jouer au Petit Louvre du 29 juin au 21 juillet les lundis à 18h15 lors du festival Off d’Avignon 2024 ?
J’ai lu un ouvrage merveilleux sur le poète, “Un sieur Rimbaud” qui m’a fasciné. J’ai découvert à travers ce livre les autres facettes de sa personnalité, je trouvais sa vie contrastée et passionnante, je m’étais dit qu’il y avait là tous les éléments nécessaires pour en faire un seul en scène, exercice auquel je voulais me confronter depuis quelques années.
Brigitte était ma professeur de théâtre au lycée, nous venions de nous retrouver 10 ans après. Je lui ai proposé le projet qu’elle a accepté de mettre en scène.
6/ Avec ta metteuse en scène, c’est une histoire qui s’est construite amicalement et professionnellement depuis ton adolescence alsacienne ? Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Oui, nous avons fait belle équipe sur ce projet. Elle est une bosseuse impressionnante et je la remercie, nous revenons pour la deuxième année au Festival d’Avignon suite à notre succès de l’édition précédente.
Un seul en scène demande énormément d’énergie et sans la sienne, j'aurais pu faire machine arrière.
7 /En vue de la présenter à Avignon au Théâtre des Gémeaux aussi, nous t’avons découvert récemment dans la tragédie Héliogabale, l’empereur fou au théâtre La Bruyère dans un rôle inattendu : celui d’Héliogabale, cet empereur romain psychopathe. Tu y joues au côté de la grande comédienne Geneviève Casile, sociétaire de la comédie française et de Gérard Rouzier. Comment avez-vous monté cette création de Pascal Vitiello ?
Oui, un vrai bonheur là aussi! Le metteur en scène et la chargée de diffusion Claire Ramiro m’avaient vu dans Rimbaud. Ils travaillaient sur Héliogabale et ont pensé à moi pour le rôle. J’ai rencontré le reste de l’équipe et nous avons commencé à travaillé assez rapidement. Je mesure la chance incroyable de jouer un tel rôle aux côtés de Gérard Rouzier et du monument théâtral incroyable qu’est Geneviève Casile. Nous nous sommes tous soutenus et aidés, c’est un merveilleux travail d’équipe, j’en profite pour les remercier tous!!
8/Comment se sont élaborés théâtralement vos rapports avec ta mère à la scène : Geneviève Casile, grandiose dans ce rôle de stratège cruelle et ambitieuse ? Avez-vous eu des difficultés pendant vos répétitions à tisser ces liens complexes et ambigus qu’exigent les rôles ?
Le courant est tout de suite passé avec Geneviève. D’ailleurs nous avons eu beaucoup de fous rires tout au long de la création. Malgré sa carrière impressionnante, elle est restée très accessible et humble. Drôle aussi, très drôle!!! Ça aide, plus les rapports sont bons plus ça nous aide sur le plateau. Ce fut le cas. Un vrai bonheur de partager la scène à ses côtés.
9/ On te voit aussi répéter actuellement la création contemporaine de Claude -Alain Planchon Caspar 199-19-13 mise en scène par Olivier Desbordes dans un tout autre registre de personnage, avec Jean-Paul Sermadiras à tes côtés sur le plateau. Comment es -tu arrivé dans cette pièce et comment s’est déroulé le travail dramatique avec Olivier Desbordes ?
Caspar, un ovni théâtral qui me passionne!! Claude -Alain Planchon l’auteur voulait déjà travailler avec moi sur un précédent projet. Cette fois-ci, l’occasion était parfaite. C’est un personnage riche et contrasté qui me touche. Nous explorons les limites de la folie et les coulisses de la schizophrénie, j’adore!! J’ai adoré travailler avec Olivier Desbordes, il est un excellent metteur en scène et directeur d’acteur, je lui dois beaucoup. Et mon partenaire de jeu, Jean-Paul Sermadiras me porte, on forme un sacré duo. Là aussi, nous avons eu de beaux moments lors de la création. Un autre cadeau de la vie que cette pièce!!
10/Cette création contemporaine sera aussi au festival d’Avignon cette année à l’Espace Roseaux Teinturiers. Alors dis-nous : comment gères-tu ces trois spectacles et ces personnages aussi intenses les uns que les autres ?
Je me conditionne énormément. Il faut prendre soin de soi, bien dormir, avoir une bonne hygiène de vie. Notre outil de travail c’est nous-mêmes donc il n’y a pas d’autre choix. Je me sens prêt à démarrer ce formidable marathon artistique!!
11/Quel est le rôle qui t’a marqué ou te marque le plus et pourquoi ? Quel est celui que tu rêverais de jouer ?
Là, c’est assez difficile. Je les aime tous. J’avoue avoir une prédilection pour les personnages sombres ou blessés, exigeants en tout cas. La tragédie, c’est mon moteur. Pourquoi ne pas jouer Alceste un jour… Qui sait? Mais j’ai des dizaines de rôles en tête qui me font rêver, si je commence je ne m’arrête plus haha!!
12/Tu as un autre violon d’Ingres qui sont les arts plastiques, comment est venue cette discipline dans ta vie, inspirée de quel style, quel mouvement ou de quel modèle pour toi ?
En effet, je dessine et peins énormément à côté de mon parcours de comédien. D’ailleurs j’espère un jour exposer. Ce sont essentiellement des portraits…Une prolongation de mon métier de comédien finalement, une autre façon de créer des personnages.
13/Un message plus engagé pour la fin : comment vois-tu les évènements politiques actuels qui touchent l’Europe et la France. L’artiste, l’art, la culture ont -ils un rôle essentiel à jouer et lequel selon toi ?
Je suis bien sûr comme des millions de français consterné par le triste spectacle politique qui nous est donné depuis ces dernières semaines. Beaucoup d’angoisses et d’inquiétudes évidemment. Je me raccroche aux jours heureux, j’espère des lendemains meilleurs.
14/Le mot de la fin ?
Vivez vos rêves, croyez en vous. Le travail et la persévérance, ça paie!!! Quel fascinant voyage que la vie!!
Propos recueillis par Safia Bouadan























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